souvenirs de 1914 (5)

Publié le par caporal Henri Furbault

            Les 20ème et 17ème compagnies furent donc désignées pour fortifier à nouveau Hémainville, Norroy et Lesmenil et de les surveiller. Des barricades furent édifiées aux voies d’accès aux villages et chacun dut veiller sans interruption. Au matin, les hommes étaient épuisés et tombaient de sommeil. Malgré tout leur courage, il leur était impossible d’exercer une surveillance constante et suivie. La plupart dormaient debout. Plusieurs escouades, dont la mienne prirent le service 3 nuits de suite et le jour, où l’on aurait pu se reposer, il fallait travailler aux travaux de défense. Mauvais moyen que de punir une compagnie en augmentant son service sur la ligne de surveillance. Il est impossible d’obtenir des hommes un travail au dessus de leur force et c’est plutôt stupide et imprudent. L’ennemi aurait pu attaquer de nouveau, il aurait eu toutes les chances de réussir puisque les hommes des escouades, veillant derrière les barricades, tombant de sommeil, n’auraient perçu aucun bruit. De plus, chacun était démoralisé et n’aurait offert que très peu de résistance. Si cela s’était produit, ç’aurait été encore les hommes qui auraient été tenus pour responsables et auraient été punis, alors que l’erreur aurait dû être imputée au commandement du bataillon.
            Nous continuâmes par la suite notre travail de surveillance. L’effectif de départ, chargé de la garde de Xon fut enfin jugé insuffisant pour défendre la position. Une compagnie occupa les villages et une autre la côte. Le service fut mieux réparti et les secteurs diminués. Les compagnies allèrent, à tour de rôle, au repos pour 4 jours à la Baraque des Romains, mis la compagnie de réserve devait, le soir, aller monter des matériaux sur la côte de Xon, pour la fortifier.
            Le 6ème génie travailla à faire des tranchées et des abris sur la côte dans le but de l’occuper sans avoir à redescendre dans le bois pour y faire la cuisine par exemple. Deux postes téléphoniques, des cuisines y furent installés. Les abris furent améliorés et même aménagés pour le couchage.
            C’est alors qu’une nouvelle attaque se produisit le 13 février, et, en quelques heures, elle anéantit le travail de plusieurs semaines et tua beaucoup des nôtres.
            Après cette attaque, la compagnie fut complétée par un détachement venu de Millery. Le capitaine Chartain fut remplacé par Dégletagne. Plusieurs nominations de sous-offs et de caporaux furent effectuées. Le service, de très dur au début, devint moins pénible, plus régulier et mieux réparti. Les compagnies allèrent se reposer plusieurs jours à Pont à Mousson. La population civile se montra très gentille et nous reçut fort bien.
             De temps en temps, nous recevions des obus. Le Lieutenant Destain fut tué lors d’un rassemblement au coin du bois et fut enterré à Pont à Mousson. Ces rassemblements n’auraient pas dû se faire. Ce sont toujours eux qui ont attiré sur nous le feu de l’artillerie. Les bois étaient dégarnis de feuilles et l’ennemi pouvait très bien nous voir. Il fallut de nombreux morts et blessés avant que les officiers reconnaissent le danger de ces regroupements. Les ordres auraient dû être communiqués aux différentes sections par leurs chefs respectifs.
            Les fêtes de Noël et du nouvel an furent passées dans le bois. Nous reçûmes des friandises pour la compagnie et, de la part du ministère, 3 bouteilles de champagne par escouade, des oranges et des cigares....à suivre

Publié dans guerre de 14

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